Une lumière noire

Sur Beuve-Méry, préface de Marguerite Gentzbittel, Arléa, 1994.

J'ai ardemment souhaité la publication de Une lumière noire de Jean Sulivan.

Joie d'une rencontre ou de retrouvailles avec un Beuve-Méry à qui notre époque doit tout : il n'est pas inutile de s'en souvenir et c'est toujours un moment de bonheur que celui qui permet de prendre conscience de ses racines et de ses héritages. Joie d'une autre rencontre : " Dis-moi comment tu juges, je te dirai qui tu es ", écrivait Kant. Quand Sulivan consent à nous dire à demi-mots, avec une pudeur qui ressemble parfois à la brutalité, avec de brefs élans d'une admiration presque tendre, son amitié pour B.M., c'est de lui-même autant que de cet ami qu'il nous parle.

Il aime ce B.M. qui trouve sa vérité dans la fréquentation de la montagne, de la terre, qui échappe aux cercles mondains, aux appareils protocolaires, aux cérémonies officielles, qui demeure lui-même en arpentant Paris à pied et en proférant quelque jugement lapidaire : jamais dupe, jamais enfermé ; cette force de protestation, cette exigence rude de qui veut demeurer soi-même, c'est toute la lutte de Sulivan, c'est ce qu'inlassablement répète son œuvre.

Réédition en 2007 chez Apogée