Visages du temps

Voici un livre collectif publié en Italie qui comporte un chapitre d'une quarantaine de pages sur l'œuvre de Jean Sulivan (" Entre activisme et mysticisme: les coulisses de la pensée chrétienne chez Jean Sulivan. Aperçus sur un christianisme d'avenir en France (1946-1949) ") signé de par Pádraig Ó Gormaile. Une étude particulièrement documentée et fouillée du " Sulivan avant Sulivan " i.e. : Jean Des Houches et qui sert de manière remarquable la connaissance que nous pouvons avoir du contexte dans lequel l'œuvre de Sulivan a pris naissance.

" Les articles sont manifestement adressés aux catholiques pratiquants de Bretagne, l'auteur adhère aux idées de l'Action catholique et se montre optimiste quant à l'avenir du christianisme à condition que l'Église réussisse la rencontre avec le monde moderne; l'enjeu est clairement l'avenir du christianisme en France et en Europe. Au sujet de la religion Jean Des Houches a pleinement conscience du défi qui existe et se plaît à faire une distinction entre foi et religion. Dans une attitude qui laisse présager un aspect essentiel de ses futurs essais philosophiques et spirituels il prône un christianisme personnel et d'ouverture qui répond au besoin humain de croire en ce qui passe l'homme, tout en insistant sur le fait que la religion chrétienne, d'inspiration spirituelle et mystique par l'expérience, ne se réduit point à la seule doctrine sociale. Quand Jean Des Houches évoque le rôle du journaliste il le fait en termes de "sacerdoce" et le lecteur saisit clairement qu'il existe à ses yeux une équivalence directe entre la vocation du journaliste/écrivain d'une part et celle du chercheur d'absolu (en
philosophie et en religion) d'autre part. La langue, de même que les sujets abordés, est celle de l'époque mais il cite Pascal, Nietzsche et Camus.
 "

Remarquable témoignage aussi de l'audience internationale dont le travail de Sulivan est aujourd'hui l'objet.

Marianne Mannion à qui nous devons tant de beaux textes bien connus de l'Association des Amis de Jean Sullivan y signe également un article consacré à Charles Juliet dans lequel la référence à Sulivan est aussi bien présente.

Le texte du livre est disponible en ligne sur le site de EUM, Presses universitaires de Macerata (italie), en cliquant ici
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via Carducci, 63/a - Centro direzionale
62100 Macerata

Poèmes
de Pearse Hutchinson
Édition trilingue coordonnée par Pádraig Ó Gormaile et Bernard Escarbelt accompagné d'un CD avec version sonore
Collection : Irlande, Presses Universitaires du Septentrion

Présentation du livre
La sélection de poèmes présentée dans ce volume est constituée uniquement de poèmes en langue irlandaise ; elle est proposée en version trilingue – l’original accompagné de la traduction anglaise et française par une équipe de traducteurs irlandais et français. Le volume est accompagné d’une lecture sur CD des poèmes dans leur version originale, par le poète lui-même.
Ces textes en version trilingue, les notes, la triple introduction permettent au lecteur de mesurer le parcours de la traduction et d’entrer dans la multiplicité linguistique en même temps que dans l’unité thématique du texte. Contrairement à ce que pourrait laisser croire de prime abord la langue première des poèmes – langue qui remonte à la nuit des temps et qui est toujours parlée en Irlande aujourd’hui – les thèmes des poèmes de Pearse Hutchinson sont contemporains, actuels.
Très variés, ils marient l’absence, la perte, les retrouvailles, le désarroi ou la communion au monde ; ils manient le lyrisme et l’incantation, l’émoi, l’emportement et l’humour, pourfendent volontiers les idées reçues, invoquent tantôt la banalité de l’existence, tantôt une sur-réalité qui confine à l’hallucination. Mais c’est sans doute une profonde humanité qui caractérise les poèmes de Pearse Hutchinson, le sentiment de la proximité de l’homme. Il y fait passer traditions, folklore et haute culture, son expérience des rencontres, des voyages qui ont fait de ce poète irlandais bilingue également un traducteur reconnu maniant une dizaine de langues et de dialectes.

Pearse Hutchinson, né à Glasgow en 1927 de parents irlandais qui sont revenus s’établir en Irlande en 1932, il a vécu sa jeunesse dans ce pays, où il a commencé – au début des années 60 – à publier des poèmes en anglais, puis aussi, quelques années plus tard, en irlandais. Parallèlement, il a voyagé en Europe, où il a fait des séjours, parfois longs, au cours desquels il a pratiqué plusieurs langues, qui lui ont permis d’apprécier des poètes de diverses nationalités : il apprit ainsi, par exemple, le catalan et le galicien lors de pérégrinations en Espagne et d’un séjour à Barcelone. Sa poésie – écrite en anglais ou en irlandais – est à la fois ancrée en Irlande et enrichie de cet ailleurs qu’il aime. Elle chante l’humanité à travers son expérience, rend hommage aux rencontres qu’il a faites – poètes ou autres – et ne dédaigne pas de se montrer iconoclaste. Pearse Hutchinson a lui-même traduit certains de ses poèmes irlandais en anglais (c’est le cas pour quelques-uns inclus dans ce volume).

Pádraig Ó Gormaile, Professor of French, Head of Department, NUI, Galway, Chevalier des Palmes académiques, membre correspondant de la Société d’Histoire littéraire de la France, membre fondateur de l’Association des amis de Jean Sulivan (Paris), Ollamh le Fraincis & Ceann Roinne.

Bernard Escarbelt, professeur émérite à l’université Charles-de-Gaulle – Lille 3. Il est spécialiste de littérature et civilisation irlandaises. Il collabore à la revue Études irlandaises depuis la création de celle-ci dans les années 70.

138 pages, format 20 x 20, 2009 ,ISBN : 978-2-7574-014-2 Ref : 1059 Prix 21,00 €
Presses Universitaires du Septentrion Rue du Barreau, BP 30199, 59654 Villeneuve d’Ascq Cedex - France

1/12/2009

L'œil de l'âme
par Jeanne-Marie Baude
éd. Bayard, coll. Christus

Avocate de l'imagination...


D'emblée Jeanne-Marie Baude, citant Gao Xingjian qui connut la dictature sous Mao, annonce la couleur : la littérature est une nécessité pour garder sa conscience d'homme. Elle adosse ce prédicat à une question essentielle sur le lien entretenu entre la création et l'espérance — pas l'espérance comme bon sentiment mais celle qui naît du tragique. Elle convoque dans sa plaidoirie les sœurs de cette reine vertu, imagination et merveille, en passant par un éloge de l'attente.
La défense de ces nobles causes conduit Jeanne-Marie Baude à proposer jusqu'à une po-éthique et une éthique de l'imagination. Elle rappelle aussi que l'art a les pouvoirs de nous relier à notre sensibilité.
La paupière de œil de l'âme ne tombe pas de fatigue en lisant cet ouvrage qui nous invite à porter l'imagination au rang d'une faculté aux deux sens du terme.

25/11/2009

Intuition et raison
Choix de sermons de Saint Bonaventure Traduits, présentés et annotés
par Annie et Bernard Verten

Ouvrage édité par les « éditions Grégoriennes »

" Ces Sermons de Saint Bonaventure prolongent son enseignement, exposent sa doctrine théologique d’une façon proche de ses traités. La parole vigoureuse du prédicateur vient animer les puissantes structures qui rythment la pensée, les classifications qui ordonnent les mondes matériel et spirituel.

Cette claire rigueur, cette construction de la connaissance semblent portées par la raison aristotélicienne dont Albert Le Grand et Thomas d’Aquin affirment alors la primauté. Mais le prédicateur est en même temps poète, en faisant de la métaphore un moyen privilégié pour conduire à la juste vision de l’humain et du divin.

Vision symbolique et mystique, intuition d’une sensibilité franciscaine tournée vers l’amour des créatures et du Créateur."

"Quand Dieu se tait"
Charles Wackenheim
Éditeur"Cerf"

Jean Sulivan a fait connaître Charles Wachenheim dans les années 1970 par son livre "Christianisme sans idéologie". Nul doute qu'il apprécierait aujourd'hui ce livre " Quand Dieu se tait" paru au "cerf" et dont le contenu est résumé dans la 4ème de couverture rappelée ci-dessous.

Dans ce livre Charles Wackenheim,accompagne son propos par une citation de Jean Sulivan : « on oublie que Dieu est aussi l’inconnu imprévisible qui, en se taisant, fait de nous des êtres responsables, des égaux et des amis, aussi bien dans l’absence et la douleur que dans la présence
et la joie.
» Jean Sulivan

4ème de couverture du livre paru au « Cerf »

« Dans la tradition biblique, juive et chrétienne, l’image de Dieu s’est construite autour d’un rapport original à la parole et à l’histoire. C’est en parlant que Dieu suscite le monde et conduit le destin de l’humanité. Simultanément, des croyants se disent sensibles et attentifs aux silences de Dieu. Au terme d’un siècle ou l’idée d’un Dieu absent a été fortement ressentie, tout se passe, semble-t-il, comme si l’image traditionnelle du Dieu parlant cédait insensiblement la place à celle d’un Dieu qui s’efface et se tait.
Silence et parole de Dieu s’expriment, certes, en termes de métaphore ou d’analogie, mais est-il plus pertinent de partir d’un Dieu qui parle ou, au contraire d’un Dieu dont ni la parole ni l’agir ne sont immédiatement perceptible ?
En privilégiant la seconde hypothèse, l’auteur passe en revue six propositions qui requièrent aujourd’hui un nouvel examen : Dieu nous parle, dit-on, par la création, par ses témoins, dans l’histoire des hommes, par l’Écriture sainte, en Jésus-Christ, enfin dans et par l’Église.
Mais on doit se demander aussi si le silence de Dieu ne pourrait pas s’interpréter comme un acte délibéré de retrait pour permettre à l’homme d’exercer pleinement sa liberté d’action et de parole. En se mettant à l’écoute du silence de Dieu et en s’exposant au souffle de son Esprit, l’homme acquiert la faculté de discerner dans la production langagière d’hier et d’aujourd’hui l’écho de l’agir créateur et sauveur du Dieu vivant. Il évitera ainsi le recours fétichiste à une parole délestée de son substrat humain. L’image d’un Dieu qui se tait offre à la théologie et à la vie spirituelle un espace singulièrement fécond. »

Critique du livre par Michel Sédou dans la Revue ÉTUDES

Le christianisme se réfère à un Dieu qui « a parlé » ou qui « parle ». Mais l’auteur, attentif à l’expérience « d’ un silence de Dieu » dans les situations les plus tragiques du XXème siècle, se propose d’interroger à frais nouveaux ce thème de la « parole » divine : en quel sens peut-on dire que Dieu nous parle «par la création, par ses témoins, par l’histoire, par la Bible, en Jésus –Christ et par l’Église» ? Le parcours conduit finalement à demander si notre image de Dieu ne gagnerait pas à intégrer résolument la métaphore d’un Dieu qui se tait (p172).
Certes l’objection ne tarde pas : l’insistance sur le silence de Dieu ne porte-t-elle pas atteinte à la Révélation biblique et à son enracinement historique ? Mais l’auteur tient que la métaphore du silence ne met nullement en cause la foi au Verbe de Dieu fait homme, qui est « la parole de Dieu en personne » (p184), pas plus qu’elle ne disqualifie le rôle de la parole humaine dans la structuration de l’expérience croyante. S’il en est ainsi, il est du même coup paradoxal de privilégier à ce point l’expression « silence de Dieu »… Du moins cette insistance peut-elle purifier certains de nos langages , et la dernière page précise que, si Dieu se tait, c’est en vertu de son « amour créateur » : « Il s’efface pour libérer la parole et l’action de sa créature » (p188).

Journaliste
François Simon chez « Arléa »

Dans ce livre, François Simon fait référence très fréquemment au livre « Lumière noire » écrit par Jean Sulivan, pour retracer la relation singulière qu’il entretînt avec le Directeur du Monde, Hubert Beuve-Méry.

4ème de couverture du livre

"Écouté, lu, sollicité en permanence, le journaliste est souvent l’objet de forces critiques. On le soupçonne de collusion avec les pouvoirs, politiques et économiques, on doute de sa liberté au moment ou se renforcent les concentrations dans les médias, et quand les hommes d’affaires prennent le contrôle des groupes de presse. Résister, garder sa liberté de penser et d’agir paraît de plus en plus difficile pour qui fait
profession d’informer. Le journaliste se retrouve, in fine, seul face à sa conscience.
Il agira selon son éthique personnelle, comme le fît, tout au long de sa carrière"
Hubert Beuve-Méry.

François Simon s’appuie sur l’exemple du fondateur du Monde — dont il fut proche — pour procéder à une analyse en finesse du métier de journaliste. Cet essai qui mêle histoire et pédagogie devrait être mis entre les mains de tous ceux qui ont fait le choix du journalisme.»

François Simon a travaillé au Monde de 1967 à 1989.
Il a également enseigné dix ans au Centre de formation des journalistes (CFJ) à Paris.

Et je serai pour vous un enfant laboureur…
Gabriel Ringlet
chez Albin Michel

4ème de couverture :

Avant d’être le terreau d’une certaine civilisation, l’Évangile est une terre que chacun porte en soi. Une terre qui doit être sans cesse retournée, nous dit Gabriel Ringlet, sous peine de demeurer en friche et d’être étouffée par un langage religieux trop usé. L’urgence est donc au labour, car l’auteur de l’Évangile d’un libre penseur en est persuadé : Jésus était plus laboureur que charpentier. L’enfant est venu pour bouleverser la condition humaine avec le soc d’une parole vive, et ce nécessaire renversement est toujours d’actualité pour que l’humus de l’humanité porte du fruit. C’est pourquoi, fidèle à une démarche qui a passionné les lecteurs de son Éloge de la fragilité, Gabriel Ringlet nous propose ici de revisiter à la fois l’Évangile, les informations qui nous parviennent des médias, et les pensées fertiles de poètes et d’écrivains. Des notions aussi fondamentales pour notre existence que celles de naissance, de passion, de prière ou de solitude s’en trouvent ébranlées, engageant le lecteur à un profond retournement.

Ceci est ton corps. Journal d'un dénuement

Gabriel Ringlet
Chez Albin Michel

Voici la quatrième de couverture

" “Ceci est mon corps... donné pour vous.” Mais ton corps à toi, à qui et à quoi est il donné ? Comment vais je l'arracher à la mort ? ... je parle d'abord, concrètement, d'un corps qui est là, dans un fauteuil, sur un lit, à table parfois, souvent douloureux, lumineux aussi... Un corps plus habité encore, plus vivant quand les souffles s'amenuisent et que je dois tendre l'oreille pont entendre la légèreté de lents murmures.

Ce corps là, je l'accompagne. N'est ce pas chose précieuse déjà, puisque l'accompagnement au sens étymologique cum pane est un partage du pain ? Un viatique. Ceci est ton corps et je fais route avec lui.

Sur ce sentier au bord du précipice, chacun avance comme il peut. Pour ne pas tomber, j'ai ouvert un cahier et chaque soir, ou presque, j'y ai semé quelques cailloux dans le secret espoir de retrouver, plus tard, les traces de mon chemin. "

Nicodème ou le secret du roi
un Nom pour temps de peur

Joseph THOMAS
Édition "Mine de rien"

Pour aller "au coeur de la foi", Nicodème est compagnon de route.
Le livre — entre exégèse et essai — suit de près le chemin de Nicodème et en approfondit la force d'éveil pour aujourd'hui. La citation de Jean Sulivan choisie par J. Thomas pour la 4ème de couverture du livre :
"Avez-vous pensé à ceci ? il y a des hommes qui ne croient pas en Dieu et qui l'aiment " dit la connivence entre Sulivan et Nicodème, le secret, la joie, la renaissance... et le risque.

Paroles pour inventer demain.

Pour ceux qui désirent recevoir le livre à domicile, vous pouvez envoyer un chèque de 18 euros (16+2 pour le port) à l' adresse suivante :
Joseph Thomas Le Bois de la Roche 56430 Néant-sur-Yvel

Battements
Malou Collonge

Malou Collonge habite Mars, un petit village près de Charlieu dans la Loire, qu’elle n’a pas quitté depuis 1957. C’est dans le calme et la beauté de la nature que se déroule sa vie.

Une santé précaire lui a laissé du temps pour fréquenter ses auteurs favoris : René Char, Jean Sulivan, Georges Haldas, Christian Bobin entre autres.

Temps pour écrire, pour elle surtout et ses amis, depuis 1979 — date à laquelle elle a reçu, en poésie, le Prix de la ville de Roanne, pour « Tendresse ».

Elle a collaboré pendant 13 ans, de façon régulière au mensuel Panorama, sous la direction de Claude Goure, à la chronique « La vie qui va » ; puis elle a été publiée en revues — dont « Lieux d’Être » actuellement. Elle adhère à l’ Association des Amis de Jean Sulivan, où elle a donné à lire plusieurs témoignages dans les Cahiers : « Rencontres avec Jean Sulivan ».

En dernière page de son recueil « Jeux du vent sur une jachère », Malou Collonge le dédia à Jean Sulivan en ces termes :
« Bruitages, béton, médailles et comédiens, qu’importe ! IL vint, prénommé Jean, tard trouvé, tôt parti. Dégageant la blessure, il donne apaisement. Et regard libre, et aptitude hospitalière. Il rappelle du cinéma les litotes, il place au corps la clarté du prodige. »

Présentation de « BATTEMENTS »
par Gilles Cherbut

Battements de cœur ? Battements d’ailes ? Battements de cils ? De chair ? À ces questions qui procèdent de leur réponse même, Malou Collonge propose une autre clé, un autre registre qui englobe et féconde les précédents : « À chaque heure son battement » Un sous-titre éclaire d’emblée le lecteur : « Poésie et vie », pour le situer dans le champ infini du quotidien et de la diversité.

Ce premier recueil de Malou Collonge, qui lui vaut l’attribution du Prix d’Estieugues 2005, distingue une poètesse subtile et originale qui saisit l’heure la plus ordinaire, l’événement le plus banal pour en révèler la beauté et l’intime rayonnement :
« Un bout de ciel qui passe, un coin de table de cuisine, un rire parmi les pluches, une écuelle rousse ébréchée. Minuscules joies qui se laissent attraper. »…

Ces fragments poétiques, chargés de réflexion, ne sont pas sans évoquer parfois la manière de René Char. Là plus qu’ailleurs sans doute, la poésie relève de cette intelligence qui permet d’aappréhender le monde dans sa dimension la plus fine, son jeu le plus discret.

Ici la parole est substance, pleine d’une chair que l’on sent frissonner à chaque mot, sans concession au décoratif, au bon sentiment, à l’approximation esthétique. Cela induit des poèmes qui savent débusquer l’absolu parmi le relatif : « La neige cache les détails, cerne l’essentiel : les arbres, les toits, les feux au dessous »

Et ces textes là, sédiments sensibles ajoutés les uns aux autres, dessinent au fil des pages une connivence avec le lecteur, dans laquelle s’installe le souvenir de ce pays d’enfance, de ces « pistes serrées ou l’herbe est vaincue sous le pas du paysan »… Tous alors, pour peu que nous ayons quelque origine rurale, nous avons « galopé dans les « communaux », espaces arides parce qu’ils appartiennent à tous »…

L’interrogation de cette poésie est multiple, autant que la vie et ses aléas. Il y a là une célébration de la dissemblance : « La main droite ne suit pas la main gauche et c’est l’alléluia que tant de souplesse et d’harmonie au sein de la divergence. » Car c’est de la différence dont l’existence se nourrit. Nous ne sommes pas de rudes monolithes et « Nous nous équilibrons par nos diversités » dans les « Inévitables discordances entre le dire et le faire. » Et le travail du poète consiste aussi à rassembler le distinct, le dissemblable pour y voir s’épanouir une mystérieuse unité : « Comment faire ressembler et vibrer dans une page le Mézenc au loin ; les myrtilles secrètes et ce hêtre ou j’ai gravé - il y a mille ans – ton nom ? »…

La foi du charbonnier
de Marguerite Gentzbittel
au « Seuil »

4ème de couverture

« Celle que la France entière nomme « Madame le proviseur » n’est plus proviseur. Marguerite Gentzbittel s’était engagée à quitter le lycée Fénelon l’année de ses 60 ans. Elle a tenu parole, estimant que les jeunes
ont besoin d’un encadrement rajeuni. La voici donc « libre ».

Libre de parler sans enfreindre l’obligation de réserve du fonctionnaire et sans trahir une conviction laïque qui n’a jamais faibli.
Libre d’évoquer le « moteur de son action et de sa vie » : sa foi catholique.

C’est une drôle de paroissienne, Marguerite Gentzbittel.

Fille de père anticlérical et de mère fort pieuse ( mais fort critique), elle revendique sa double origine. Avec la verve qu’on lui connaît, elle dit ici ce qu'elle croît, réfute l’esprit de secte, combat le prosélytisme. Elle dit son attachement à certain couvent ou elle faillit entrer pour ne plus en sortir. Elle dit son évangile, son paradis, elle dit, surtout, son amour de la liberté et sa détestation des croisades.
Les croyants trouveront dans ce livre des pages dérangeantes et inattendues, les incroyants y trouveront une initiation tonique à ce que peut être l’expérience religieuse.

Marguerite Gentzbittel se proclame obéissante mais non soumise, catholique mais non vaticane, charitable mais peu morale. Les tièdes seront déçus. »

Odeur du temps
Maurice Deleforge

C'est la troisième fois et c'est la dernière, que Maurice Deleforge a recours, pour servir de titre à un livre, à ces trois mots qu'Apollinaire a cueillis le premier en même temps qu'un brin de bruyère.
La première fois , en 1978, il était persuadé que d'autres s'en seraient déjà servi mais non, le titre était libre, comme on disait jadis des jeunes filles.
L'idée ne lui vint pas d'abord que nul n'avait osé.
Un peu plus de dix ans plus tard, l'odeur du temps ayant pour lui changé du tout au tout, il a récidivé et fait paraître "Odeur du temps", deuxième suite, recueil de chroniques sur le modèle duquel est composée cette "suite et fin".
La chronique réputée sérieuse traite de sujets fort spécialisés. Une autre variété de chronique, florissante au siècle dernier, serait en voie de disparition, faute de lecteurs à ce qu'on dit. Cette chronique-là n'a d'autre ambition que de dire le temps comme il vient et d'en restituer l'odeur.
C'est qu'à la différence de l'argent, qui n'en a pas, le temps pourrait bien avoir son odeur, à quoi le poète est sensible, et le chroniqueur l'est aussi, variété mineure du poète. Aussi ne redoute t- il pas les petits sujets. Quand beaucoup parlent pour ne rien dire, il s'emploie à dire des riens.
Il arrive qu'il y parvienne.

Maurice Deleforge, participe activement à la connaissance de œuvre de jean Sulivan; il a notamment édité les fameuses cartes postales et présenté Jean Sulivan au cours de conférences.

Il a publié une dizaine d'ouvrage. Il n'a jamais figuré et ne figurera jamais en tête du hit-parade des meilleures ventes, préférant aller de la bouche à l'oreille et de la main à la main."Ne pas monter bien haut, peut-être mais tout seul." Il n'a donc pas voulu cette fois d'autre intermédiaire entre le lecteur et lui qu'une petite bande d'amis amoureux de la belle ouvrage, dans la tradition de son inoubliable complice dunkerquois, le cher Jacques Tillie.

Si vous êtes intéressés par cette "Odeur du temps", (156 pages), vous pouvez l'acquérir en en faisant la demande à l'auteur lui-même en joignant un chèque de 10 euros (port en sus) à l'adresse suivante :
Maurice Deleforge
1581 route du Mont des Cats
59270 GODEWAERSVELDE

Je ne savais pas mon nom
Mémoires d'un religieux anonyme

Pierre Claverie
aux éditions Cerf

Sous la forme assez étonnante de "mémoires", Pierre Claverie, évêque d'Oran, assassiné le 1er août 1996, nous offre dans cet ouvrage le très riche d'une expérience humaine et spirituelle.
Le religieux qui présente ce récit est dit anonyme, car o­n ne sait pas qui il est: c'est vous,c'est moi, c'est chacun, précise Pierre Claverie.
Il est dit anonyme également, car sa démarche;va l'amener à découvrir son vrai nom, son nom intime, celui que seul Dieu connaît, et ainsi à se libérer de la prison de son propre regard des autres sur soi...
Après avoir abordé la grâce du baptême et le mouvement de conversion qu'il suscite, l'auteur traite du courage de croire, de l'ouverture de l'espérance et de la force d'aimer, avant d'inviter le lecteur à se tourner vers la source de son être.
Avec humour et finesse, Pierre Claverie montre que ce chemin de liberté spirituelle s'appuie sur trois éléments liés les uns aux autres : un ferme propos de suivre Jésus-Christ, la reconstruction de sa vie intérieure, mais aussi la redécouverte en soi des traces de l'enfance.
Un grand livre dans la ligne des deux précédents:
Donner sa vie. Six jours de retraite sur l'Eucharistie (Ed. du Cerf, 2003) et
Petit traité de la rencontrre et du dialogue (Ed. du Cerf 2004).

Petit christianisme d'insolence
de Robert Scholtus
paru chez Bayard

Insolent, du latin insolens, proprem. * "qui n’a pas l’habitude de"(rac. Solere, « avoir l’habitude »)

« il y a quelque chose de pire que d’avoir une mauvaise pensée. * C’est d’avoir une pensée toute faite (…) Il y a quelque chose de pire que d’avoir une âme même perverse.C'est d’avoir une âme habituée. » Charles Péguy.

4ème de couverture :

« Si dans ce livre en forme de confession, je souhaite plaider pour un christianisme souple et allègre, ouvert
et cordial, humble et pudique, ce n’est pas pour récuser la radicalité de la foi dont se réclament volontiers les jeunes prêtres d’aujourd’hui. Je voudrais au contraire les préserver du raidissement et de l’orgueil qui de tous temps ont perverti les plus belles générosités.
La culture à laquelle ils appartiennent est disponible, j’en suis persuadé, à ce que j’appelle un christianisme d’insolence, au sens étymologique du mot, c’est à dire un christianisme qui manque d’habitude, un christianisme trop jeune pour se laisser intimider par le ton péremptoire de l’idéologie religieuse et paralyser sous le poids de ses archives. Car quelque chose est en train de se passer. »

Robert Scholtus, enseignant en théologie, est supérieur du séminaire de l’Institut catholique de Paris.

Petit christianisme de tradition
de Robert Scholtus
aux éditions Bayard

"On l'aura compris, je ne chercherai pas dans ces pages à opposer l'une à l'autre, tradition et modernité, considérant que ce conflit appartient lui-même à la tradition. Je ne choisirai pas, pour parler comme Benoît XVI, entre une herméneutique de la continuité et une herméneutique de la rupture, car l'une et l'autre sont constitutives du processus de transmission de la tradition. Peut être même réussirai-je à faire comprendre aux esprits soupçonneux de la déjà vieille modernité que, si j'en appelle à la tradition, c'est pour mieux justifier, contre ceux qui s'en font les parangons, la belle insolence du christianisme qui n'a d'autre tradition que l'éternelle nouveauté du Christ".

Cet ouvrage se présente comme le 2ème volet de Petit christianisme d'insolence. Alors que l'auteur y interrogeait le christianisme à partir de quelques grandes questions de la modernité, il interroge ici le monde moderne à partir des grandes questions chrétiennes.

Pour sortir des oppositions,il allie style alerte et humour, jouant avec les paradoxes dans l'ouverture à la littérature et à la pensée contemporaine.

Robert Scholtus, enseignant en théologie, est supérieur du séminaire universitaire des Carmes à l'Institut catholique de Paris.

Le Christ aux silences

Jean Lavoué aime les hommages. Ceux que l'on tresse à l'intention de ceux que l'on aime ou que l'on vénère.

L'auteur morbihannais a ainsi parlé de Sulivan er de Perros. Et voici, aujourd'hui, qu'il met la barre très haut en parlant du Christ, un Dieu de plein vent ( comme Sulivan l'aimait) et qui nous ramène aux sources du message évangélique.

 

 

Lettres à mes morts
Robert Scholtus

"D'avoir béni tant de sépultures a donné au prêtre que je suis un certain entregent dans le commerce avec les morts des autres. Vous me permettrez aujourd'hui de m'occuper un peu des miens. Longtemps j'ai gardé en souffrance ces lettres qui leur sont destinées. Il serait plus exact de dire que ce sont elles qui ont gardé pieusement ma souffrance, ce point de douleur si intime, si précieux, dont je ne veux pas me débarrasser, ce point de côté qui me vient d'un inflexible refus de consolation. "

Robert Scholtus est supérieur du séminaire universitaire des Carmes à l'Institut catholique de Paris. Il a publié chez Bayard trois ouvrages très remarqués : Petit christianisme d'insolence, Petit christianisme de tradition et Faut-il lâcher prise ? Il s'affirme ici comme un écrivain à part entière, dans un ouvrage très personnel.

L'échappée silencieuse
Philosopher autrement

Joseph Thomas

Sans doute une sorte de "défi" pour le philosophe, s'en tenir au court format d'une page pour dire : l'absolu, le visage, le sujet, le courage d'être, la joie... et tant d'autres de ces " gros mots " pour les gros livres. Jean Lavoué nous dit quel parti pris par l'auteur lui permet de relever le gant : " Comme dans un jardin zen, on va de pierre en pierre, et quelquefois, on a envie de rester là, simplement, et de regarder, d'écouter....".
Ce par quoi, si nous acceptons cette ascèse douce, Joseph Thomas nous offre la chance d'être avec lui l'auteur de ce que nous lisons.

Éditions Mine de Rien